A paraître

0617LEO-VP-LCP-1DC

Paru le:  20-05-2023

Editeur:  Les éditions Ovadia

Isbn:  978-2-363925-11-4

Ean:  9782363925114

Prix:  20 €

Caractéristiques: 
216 pages

Genre:  Littérature

Thème:  Litterature

Thèmes associés: 

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Le carré parfait

Le carré parfait n’a pas d’angle

Vincent PUYMOYEN-NB

Vincent Puymoyen  est né en 1970 à La Rochelle et enseigne actuellement à Brest, sa ville d’adoption. La poésie pour lui résulte d’un choix irrévocable : celui du littoral, à la jointure des résistances granitiques de l’âme et des fluidités inattendues du corps. Le poète guette donc ces moments où se desserre l’étau du réel. Mallarmé ou les surréalistes restent ses figures tutélaires.

« Cette histoire, il fallait qu’il se l’approprie pleinement. Gonzo se rappela un bon mot d’Amédée déplorant sa tendance à la divagation dans l’élucidation presque ésotérique qu’il proposait de certaines affaires. « Gonzo vous êtes au fond un gnostique, on devrait vous appeler Gnoso ». Amédée avait sans doute raison, son objectif n’avait jamais été seulement l’établissement de faits, il avait d’ailleurs souvent été saisi de leur volatilité, de leur peu de réalité. Alors que toute décision de justice était censée s’appuyer sur des preuves, il expérimentait lui, que ces preuves même étaient une sorte de construction, un moment de rhétorique judiciaire, tout aussi fragile, et rien de plus. Mais Gonzo avait fait sienne cette vérité kabbalistique, selon laquelle le hasard, ce sont les dieux qui se promènent incognito, et c’était, derrière la confusion des faits, la volonté des dieux qu’il fallait retrouver. »

Gonzo s’appuya fermement contre la rambarde du pont de Recouvrance, devant lui la rade s’ouvrait et quelques mouettes dessinaient dans le ciel clair et duveté de brume une trajectoire régulière. Les gouttelettes d’eau avaient rafraîchi son front, lui procurant une sensation d’allégresse très nouvelle. Plutôt que le vide sous lui, il préférait regarder ses mains sur le rebord. Elles étaient lisses et presque translucides dans la surexposition lumineuse de la rade.
Gonzo avait trente-huit ans. Il portait une barbe noire et très entretenue, une barbe d’inspecteur de police, dont il lissait la pointe dans ses moments d’intense réflexion. 

A paraîtreLe carré parfait