Paru le: 30-10-2019
Editeur: Les éditions Ovadia
Isbn: 978-2-36392-340-0
Ean: 9782363923400
Prix: 18 €
Caractéristiques:
176 pages
Genre: Essais
Thème: Essais
Thèmes associés:
La mort aujourd’hui
Essai sur le déni social de la mort et la fin de vie
Toute notre vie, le sommeil s’attarde sur nos paupières, ainsi que la nuit plane, tout le jour, dans les branches du sapin.
Né en 1967, Eric Chevet est professeur agrégé de philosophie et enseigne actuellement au lycée Descartes à Rennes. Il est également chargé de cours à l’Ecole des hautes études de la santé publique (EHESP), ainsi qu’à l’Institut de préparation aux concours administratifs (IPAG) de l’Université de Rennes 1. Il a auparavant enseigné la philosophie dans une classe préparatoire aux grandes écoles intégrée à la faculté des Lettres de la Rochelle, ainsi qu’à la faculté de médecine de Rennes 1.
Cette omniprésence mortifère, cette exhibition d’une mort devenue image , ne ferait donc que traduire, par contraste, l’occultation de la mort en tant que réalité naturelle.
La philosophe Isabelle Queval parle à ce sujet d’un « retrait social » de la mort et du fait qu’elle devient une sorte d’« abstraction » dans une société devenue « vitaliste » : l’utopie de la santé parfaite répond à l’éloignement des grandes questions métaphysiques et tient lieu d’idéologie de substitution aux morales défaillantes.
Elle est le substrat privilégié pour le narcissisme individualiste des temps contemporains. Elle témoigne, enfin du télescopage de deux représentations du temps: tout miser sur le présent, pour faire du corps son œuvre, son soi, mais cela de par une paradoxale idéalisation du futur, la jeunesse éternelle, la mort abstraite et repoussée.
Notre attitude devant la mort, ainsi que les conditions dans lesquelles nous mourons, changent avec le temps. Si la mort était autrefois plus familière, et peut-être mieux « acceptée », elle est désormais une échéance que nous espérons repousser grâce aux progrès de la médecine. Les moyens dont nous disposons pour combattre la souffrance rendent également moins éprouvante l’expérience de la fin de vie, mais nous mourons de moins en moins à domicile, entourés de nos proches. Cette médicalisation du mourir, sa professionnalisation et sa technicisation, ont aussi un prix : en mourant dans des établissements de santé, nous avons évacué la mort de notre vie quotidienne.