CollectionsChemins de penséeHumanisme & Protestantisme
0231LEO-AP-CQE-1DC

Paru le:  30-03-2019

Editeur:  Les éditions Ovadia

Isbn:  978-2-36392-137-6

Ean:  9782363921376

Prix:  35 €

Caractéristiques: 
800 pages

Genre:  Philosophie

Thème:  Philosophie

Thèmes associés: 

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Humanisme & Protestantisme

L’adaequatio intellectus et rei, bien qu’inapplicable fournissait l’idée d’une règle universelle, susceptible d’être la même pour tous les objets.

Alexis-Philonenko-NB

D’origine russe, il a été Professeur aux universités de Caen, Genève, Nice et Rouen. Il est reconnu pour ses contributions à l’étude de la pensée allemande: Kant, Fichte, Hegel, Feuerbach, et de la pensée slave : Chestov. Dans ses nombreux ouvrages figurent des études de philosophie grecque. On lui doit aussi une Histoire de la boxe qui fait autorité, et Mohammed Ali, un destin américain.

La vérité – qu’on l’entende en un sens ou en un autre – est toujours un moyen de se défendre contre le désordre. Elle est donc toujours un moyen de discipline global et de prise sur les choses comme sur les êtres humains. Elle calme nos anxiétés et même les processus en général, auxquels nous imaginons qu’une fin est apportée et que par exemple l’horreur a atteint son terme. L’horreur elle- même peut être une conclusion.
L’idée ici exprimée signifie qu’il y va de notre liberté. Savoir commencer est liberté, mais savoir conclure – se détourner d’une certaine manière d’un processus – est aussi liberté. Il en résulte trois conséquences.
En premier lieu ce qui vient d’être dit de l’idée de conclusion est vrai de toutes les « représentations». Savoir conclure est savoir terminer, conduire un fait à son essence et celle-ci respire la mort – si bien qu’être libre est tendre à la mort de l’autre. En second lieu, l’idée de vérité apparaît pragmatique, et sous ce rapport indissolublement humain ; elle dépotentialise le chaos menaçant des choses et fait reculer la douleur en introduisant un autre processus. Ces deux premières conséquences – liberté ou humanité, pragmatisme ou choses – s’établissent à un niveau plus relevé d’où germe comme signification ultime et réitérée l’idée d’un monde pacifié et intelligible ou Geisterwelt, tandis que le monde immédiat tend vers l’Umwelt de l’imagination et première réflexion sur l’être-dans-le-monde (L. Feuerbach).
Ce qui freine cette évolution est l’anxiété, mère de la peur, de l’angoisse et de l’aveuglement. Ce frein est immanent à l’évolution et s’oppose au jeu, en inaugurant les terreurs de l’imagination. Pascal l’a bien expliqué : «Tranquille sur une planche posée au niveau du sol, je tremble et suis rempli de vertiges si “on” l’élève à quelque hauteur». Imaginer c’est rétablir le désordre en faisant place à la peur. De là l’opposition classique entre la vérité et l’imagination.

Cet ouvrage n’est pas un traité de métaphysique dans la mesure où il ne prétend pas en suivre l’ordre dogmatique, en supposant qu’il y ait un tel ordre, ni surtout pour contrebalancer les efforts de la psychologie morale qui projette – ne serait-ce que par son exemple – une lumière trop crue sur les démarches de notre esprit, lequel est obligé depuis toujours de revenir en soi et de rompre avec une trop stricte application de l’ordre idéal selon le nexus des raisons aussi bien qu’avec une inflexible course de l’ordre du réel ou selon le nexus des choses, et il n’exigera pas non plus une égalité enfin une indécente pureté dans le mouvement des pensées. Mais il plongera plutôt dans le concret. On cherchera sans aucun doute quelquefois la vérité et ce « quelquefois » est comme le compas mesurant notre finitude et dont on n’ose plus parler tant la chose est confuse et triviale vis-à-vis de la signification.